
Philippe Duc, 58 ans, s'est porté volontaire Il n'y avait pas de banderoles, hier, sur le site de SCA. Pas de production de couches pour bébés et pour l'incontinence non plus. Juste la direction répondant à des dizaines et des dizaines d'appels et les délégués du personnel accueillant des salariés un peu déboussolés. Mardi, la direction a envoyé 107 lettres de licenciements.
Philippe, habitant de Linselles, a reçu la sienne sans surprise : « J'ai 58 ans, 27 années de boutique. L'an dernier, déjà j'avais demandé pour partir mais la direction n'avait pas voulu. Là, j'ai dit à mon syndicat, la CGT dont je suis délégué, que je voulais partir dans les premiers pour laisser la place aux jeunes. » Déjà en 1995, Philippe avait reçu une lettre de licenciement, un soir chez lui, dans sa maison achetée à crédit : « C'était le plan social de Peaudouce et je l'ai vécu très mal. Heureusement, pour moi, certaines personnes qui n'étaient pas désignées ont voulu partir et j'ai réintégré l'entreprise. » Aujourd'hui, il rend la monnaie, avec amertume : « J'aurais voulu partir normalement alors que là, l'usine ferme. Je m'en sors assez bien, mais c'est terrible pour tous les autres qui se retrouvent sur le carreau. » Hier, en une matinée, les cinq membres du comité de direction ont reçu 94 appels : « Les salariés voulaient savoir s'ils étaient licenciés,explique Hélène Labonnelie, en charge de ressources humaines. Certains pleurent, d'autres ont de la colère, cela dépend des caractères. Nous essayons de faire le moins mal possible, mais dans un cas comme celui-là, il n'y a pas de bonnes solutions. » Pour ne pas que les salariés apprennent la nouvelle de leur licenciement avant de venir travailler, la direction a décidé de stopper toute activité entre hier matin et lundi 5 heures. Une décision lourde pour cette unité qui tourne avec cinq équipes, 24 h sur 24 et sept jours sur sept. Si pour Eddy, 30 ans d'ancienneté, « la direction craint des dégradations pour ses machines », Hélène Labonnelie développe un autre discours : « Nous ne voulions pas risquer un accident de voiture, par exemple, de quelqu'un qui serait sous le coup de cette annonce. Nous préférions que les salariés soient dans leur univers. La direction reste là et répond à tous les appels. L'arrêt de la production n'a rien à voir avec une crainte de dégradation. Si les gens avaient voulu casser, ça se serait passé en mars. »
Lundi matin, la production repartira. Avec 107 personnes en moins et plusieurs machines à l'arrêt. Les équipes vont être rééquilibrées jusqu'à la 2e vague, au premier trimestre 2011, puis une autre en juin et la dernière en septembre. Après, ce sera une usine neuve qui prendra le relais en Pologne où le salaire minimum est de 350 euros.
Pendant ce temps à Linselles, une commission de suivi aidera à la conversion des anciens salariés jusqu'en 2013. Philippe, de son côté, entame lundi deux ans de chômage avant de se consacrer aux autres avec la fédération d'associations pour l'environnement PLAINE, avec Emmaüs et comme militant pour le Parti socialiste. •
mission-alsace, Posté le dimanche 21 novembre 2010 07:52
Leonarda Rivzani, une jeune Kosovare de 14 ans domiciliée à Mulhouse, a disparu depuis le 12 novembre dernier.